Possibilités - II

Ce matin ,j'avais un peu de temps devant moi. La pluie torrentielle a cessé, les cartons se vident, finalement les choses une fois derrière nous sont toujours moins insurmontables qu'elles ne le paraissaient. Je savoure le calme. Le silence. Un silence incroyable au cœur de la ville, qui me permet de nouveau de méditer, de me concentrer, mais aussi de me laisser aller.

J'ai repris mon tirage d'hier pour essayer de creuser un peu.
Je me rend compte en regardant en arrière à quel point les limitations que je me suis imposées pouvaient être fortes. Pourtant jusqu'à l'adolescence j'avais pas mal de personnalité, suffisamment en tous cas pour continuer à vivre ma vie malgré les "cette année il y a le bac", "il va falloir travailler", "bla bla bla" et sornettes. Jamais je n'ai fait autant de chopes que durant mon année de terminale, du dessin, de la gravure, du théâtre, de la danse, du tricot (mon premier pull irlandais!), de la sculpture en me payant même le luxe de faire des expos, du bénévolat pour des festivals. Malgré tout je me rappelle cet hiver-là d'avoir eut les prémisses de cette fameuse "dépression saisonnière". Rien à faire, c'est pas que j'aime pas la pluie, la neige ou l'hiver, mais il me faut du soleil, beaucoup de soleil. Bref, cet année là, je n'ai pas eut de mal à le décrocher ce bac, avec mention, et sans pour autant arrêter ce qui faisait de moi ce que je suis.

Au fil du temps, j'ai résisté à cette croyance qui veut que pour devenir adulte, il faut être sérieux. Être sérieux, c'est arrêter de faire des choses inutiles. J'ai résisté, mais on ne résiste jamais assez. Je me suis finalement laissée entraîner dans le "on ne peut pas tout faire dans la vie". Et j'ai laissé plein de choses de côté. Plein de choses et d'activités qui sont aussi moi, qui font partie de mon équilibre. Finalement, "faire quelque chose à fond" n'implique pas de laisser tomber le reste. Je vois de moins en moins la vie comme une galette que l'on découpe en tranches. Les possibilités sont infinies.