Couture et Vieux démons
Aussi longtemps que je me souvienne, j'ai toujours rêvé de coudre. Ma mère a toujours cousu. Elle cousait merveilleusement bien. Des finitions et un tomber tellement parfaits. Un travail si fin et si soigné que les clientes ne tardèrent pas à se presser à la porte.
Seulement moi, je n'ai jamais eut le doit de l'approcher, cette machine à coudre. Même pas à l'adolescence. Ou alors sous un tel contrôle maternelle que ça ne pouvait que me stresser et ne mener à rien.
"Tu va encore tout détraquer"
"Tu casses toujours tout, de toutes façons"
Lorsque j'étais à la fac, j'ai acheté avec mon chéri une belle Singer, à manivelle. Magnifique. Pour 150 francs à l'époque. Avec une très belle boite de transport en bois. Je l'ai emmenée partout cette machine. Et à l'occasion elle me dépanne encore bien. Mais seulement, elle était d'une époque ou il n'y avait pas les mêmes genres de tissus que maintenant. Et je ne sais pas pourquoi, je n'ai jamais réussi à m'y mettre vraiment. A prendre le temps de soigner, de mesurer, de bien préparer le tissus. Alors que je peux passer des jours et des jours avec des points de tricot irlandais.
Seulement la différence, c'est que ma mère ne tricotait pas. Très peu. Jamais de points irlandais dans lesquels j'ai malgré toutes les remontrances sur le prix de la laine fini par exceller.
Mais la couture. C'est autre chose. J'ai donc collectionné des coupons de tissus, pas bien chers pourtant, sans jamais réussir à les couper proprement... Ou sans jamais rien en faire d'ailleurs. Et j'ai récupéré des vieilles machines à coudre, qui sans réglage ne peuvent pas faire grand chose il est vrai. Et puis j'ai décidé que ça suffisait. Que je méritais une machine à coudre digne de ce nom. Qu'il n'y avait aucune raison que je n'y arrive pas.
Je la couve des yeux depuis samedi dernier. Et j'ai commencé à faire des essais. Et je suis vraiment très heureuse!