La Petite Rigolotte
Après une petite pause, je reviens sur mes réflexions sur mes sous-personnalités. « La Petite Rigolote » fut pendant des années la personnalité la plus perçue par les personnes qui ne me connaissaient pas. Et pourtant c’est peut-être aussi une de celles que j’ai le plus de mal à appréhender. J’ai parfois voulu la renier.
Comme bien des personnes, être la Petite Rigolote de service permet de ne pas se dévoiler, de ne pas montrer en public que l’on souffre de ce qui peut se dire. Mais lorsque l’on est un peu triste à l’intérieur comme c’était mon cas, on finit par être prisonnière de cette image. J’aurais voulu que les autres comprennent tous seuls que sous cette carapace, aussi drôle puisse-t-elle être, se cachait un petit cœur d’artichaut. Mais les autres bien sûr ne comprenaient que rarement, et lorsqu’ils comprenaient, ils n’étaient pas nécessairement les bienvenus de passer ainsi la barrière de mon intimité.
La Petite Rigolote est drôle, bavarde, volubile. Mais elle parle aussi beaucoup pour ne rien dire, au lieu de simplement observer les choses. Elle s’agite souvent lorsqu’elle est un tout petit peu stressée, bref, elle a horreur du vide, et des qu’il y en a, elle le comble de son babillage et de sa joyeuse petite agitation.
Peu à peu la Petite Rigolote a fini par se lasser elle-même de toute cette agitation. Elle se rend bien compte qu’à force de faire croire qu’elle n’est qu’un personnage léger, elle finit par le devenir, comme si sa vie n’avait pas de direction mais n’était qu’une suite de situations sans lien les unes avec les autres. J’aime toujours rire, de moi, des situations, des autres. Je fais partie des personnes qui ont la chance d’avoir ce rire et ce sourire si facile et si communicatif. Un vrai rire franc peut remplacer bien des longs discours, mettre tout le monde à l’aise, bref être libérateur pour moi comme pour les autres. Une bonne dose d’humour permet aussi bien des fois de lâcher prise de certaines situations, de dédramatiser.
Je suis donc au fond de moi très attachée à cette sous-personnalités, mais de temps en temps, je m’observe de l’extérieur, et je me dis « attention, c’est le retour de la Petite Rigolote qui ne sait pas rester à sa place et qui parle pour ne rien dire… »
Petit à petit je continue cette réflexion des sous-personnalités. C’est comme un paysage intérieur qui se met en place, avec ses reliefs, ses directions.